Schéma des territoires inégalement intégrés à la mondialisation

Mercredi 23 octobre 2019, par  Chloé Kesteloot , popularité : 11%

Les croquis du baccalauréat |

Une proposition de croquis type-bac sur la question de l’inégale intégration des territoires à la mondialisation.

Schéma des territoires inégalement intégrés à la mondialisation
Le croquis
Schéma des territoires inégalement intégrés à la mondialisation
La légende

Le croquis en PDF :

Schéma des territoires inégalement intégrés à la mondialisation
L’inégale intégration des territoires à la mondialisation

Croquis réalisé à partir d'un texte

Ce croquis répond aux exigences des directives de l'inspection générale puisque pour le thème 2 - Dynamiques territoriales, coopérations et tensions dans la mondialisation- du programme de géographie des classes de Terminale, il est mentionné : « La mondialisation contemporaine conduit à l’affirmation ou à la réaffirmation de puissances et à l’émergence de nouveaux acteurs.[…] L’objectif du thème 2 est de comprendre que la mondialisation, en tant que processus sélectif et cumulatif, hiérarchise les territoires à différentes échelles.[…] Loin d’être un processus spontané, la mondialisation est un processus induit par les stratégies d’acteurs et les progrès réalisés en termes de transports et de communications. Les infrastructures de transports et de communications favorisent également la mise en relation des territoires, certes de manière différenciée. Les héritages historiques et ces stratégies contribuent à la formation de pôles moteurs très intégrés à la mondialisation, qui constituent des centres. [...] les centres ont leurs propres périphéries.[…] L’organisation mondiale est de plus en plus multipolaire, notamment avec l’affirmation des pays émergents[…]Il convient d’étudier les stratégies des acteurs dans leurs relations mutuelles et le contexte de mondialisation.[...] Cela implique des mesures de coopération [qui] peuvent parfois conduire à des tensions à différentes échelles.»

 Ce croquis à partir d’un texte semble à première vue extrêmement facile à mettre en œuvre. En réalité il n’en est rien. Il invite à une traduction graphique à une « mise en scène » de la mondialisation par le biais d’une utilisation judicieuse de la hiérarchie des couleurs. Pour la problématique, tout est dans le texte. Le plan lui-même est annoncé. En conclusion c’est un excellent sujet pour démontrer sa maîtrise du croquis de géographie.

 ATTENTION : le sujet de ce croquis est très proche d’autres croquis présents sur mon site. Cependant, sa construction sera différente. Pourquoi ? Parce que dans le cas d’un croquis à partir d’un texte c’est un peu comme au tribunal « je dis toute la vérité, rien que la vérité ». Ici ce sera « je représente tous les éléments cités dans le texte mais rien que ces éléments. Dès lors, les hiérarchies peuvent varier dans leurs formes évidemment pas sur le fond. Vous verrez.

 Et n'oubliez pas qu'un bon croquis est comme un bon dessert. Il doit être correctement dosé pour avoir la juste réponse (saveur pour le dessert). Et bien présenté. Pour cela utilisez le Munigraphe pour vos figurés.

 Avec le plan de légende suivant : 
1) Les pays bien intégrés à la mondialisation
2) Des pays, nouvelles puissances régionales, qui imposent un rééquilibrage
3) Des pays toujours en marge de la mondialisation

Avant de commencer, il est impératif de lire le texte en fin du pdf.

Pour réaliser ce croquis, je vous conseille :

Les images ne sont pas encore disponibles pour ce cours. Nos graphistes font tout leur possible pour les réaliser au plus vite.

😉

Introduction :

La mondialisation est un phénomène en forte accélération depuis une cinquantaine d’années qui touche l’ensemble des pays de la planète. Elle se caractérise par la multiplication de flux de différentes natures (commerciaux, financiers, humains, immatériels, etc.) à l’échelle mondiale. De plus, elle accentue la concurrence entre les territoires. Certains d’entre eux en profitent pour se développer tandis que d’autres peinent à s’intégrer ou semblent même en être exclus.

  • Quelles sont les inégalités d’intégration des territoires dans la mondialisation ?
  • Comment peut-on expliquer ces inégalités d’intégration ?

Pour répondre à ces questions, nous traiterons dans une première partie des espaces les mieux intégrés dans la mondialisation avant d’aborder, dans une deuxième partie, les territoires les moins bien intégrés. Enfin, nous essaierons de comprendre dans une troisième partie quels sont les facteurs explicatifs d’une telle inégalité.

Des territoires moteurs, intégrés à la mondialisation

Il suffit d’observer ce planisphère pour saisir que plusieurs régions du monde peuvent être considérées comme des centres de la mondialisation. On parle alors d’un monde polycentrique.

IMG01 : Les utilisateurs d’internet dans le monde

Les trois pôles moteurs de la mondialisation

Les trois pôles majeurs de la mondialisation sont l’Europe de l’Ouest, l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) et l’Asie du sud-est. Ils dominent l’économie mondiale depuis plusieurs siècles pour certains d’entre eux. Par ailleurs, ils contribuent fortement à organiser et à structurer l’espace mondialisé. Ces territoires sont notamment caractérisés par :

  • un IDH et un PIB très élevés ;
  • des façades maritimes dynamiques ;
  • des firmes transnationales puissantes dont les sièges sociaux sont situés dans les grandes métropoles ;
  • une participation active aux instances internationales (ONU, OMS, Banque mondiale, etc.).

Définition

Façade maritime :

Une façade maritime est un espace littoral formé d’un ensemble de grands ports dynamiques et bien intégrés dans la mondialisation.

Des pays émergents, intégrés à la mondialisation

Certains États caractérisés de pays émergents peuvent être également des espaces moteurs de la mondialisation.

Définition

Pays émergent :

Un pays émergent est un pays qui connait une forte croissance économique mais dont le niveau de développement est encore inférieur aux pays développés du Nord.

Parmi ces pays, les plus intégrés ont été regroupés sous l’acronyme BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. En facilitant les investissements directs étrangers et en proposant une main-d’œuvre nombreuse et bon marché, ces pays ont amélioré très rapidement et de manière spectaculaire leur capacité de production ainsi que leur croissance économique.

  • Cette intégration dans la mondialisation des échanges les a transformés en retour en permettant l’amélioration du niveau de vie d’une partie de leur population et le développement de certaines parties de leur territoire.

L’intégration dans la mondialisation à l’échelle locale : l’exemple de Shanghai

Shanghai est une ville qui possède de nombreux atouts économiques et qui a connu un développement spectaculaire ces dernières années. De nombreux travaux ont été lancés depuis les années 1980 pour développer la puissance de cette métropole chinoise. Des quartiers entiers ont été détruits pour construire des quartiers d’affaire et aménager des espaces productifs performants. Dans ces nouveaux quartiers, la gentrification est importante (les populations les plus pauvres laissent place aux classes moyennes et supérieures). Emplacement de choix dans la façade maritime chinoise, le port de Shanghai accueille un trafic très important, à tel point que, malgré des extensions, un nouveau port à dû être construit, Yanshan, relié à la ville par un pont de 32 km de long.

  • Cependant, cette intégration reste partielle. Elle ne profite généralement pas à l’ensemble de la population ni à l’ensemble du territoire chinois.

Schéma des territoires inégalement intégrés à la mondialisation
Le viaduc de Puxi, à Shanghai. Ce quartier a été profondément réaménagé depuis une vingtaine d’années. Les maisons traditionnelles furent détruites pour être remplacées par des grattes ciels. Puxi est aujourd’hui un des quartiers d’affaires les plus dynamiques de Chine

Certains territoires s’intègrent plus lentement dans la mondialisation

Comme l’indique cette carte, certains territoires sont moins intégrés que d’autres à la mondialisation. C’est ce que nous allons à présent étudier.

IMG03 - L’intégration des territoires dans la mondialisation

Les pays les moins avancés (PMA), des pays en marge de la mondialisation

Selon l’ONU, on compte dans le monde 47 PMA qui se situent majoritairement en Afrique subsaharienne (33 pays dont le Tchad, le Mali, le Burundi, l’Ouganda…) mais aussi en Asie (14 pays dont l’Afghanistan, le Laos…) et en Amérique (1 pays, Haïti). Ce retard de développement se traduit par une faible espérance de vie, un accès aux soins insuffisant et, plus généralement, des difficultés importantes à satisfaire les besoins quotidiens liés à l’approvisionnement en eau et/ou en nourriture. Ces pays sont très peu intégrés à la mondialisation. Pour autant, peut-on dire qu’ils en sont exclus ?
Regardons d’un peu plus près cette image :

Schéma des territoires inégalement intégrés à la mondialisation
Une épicerie et ses clients en Ouganda – Ndiwulira – CC BY-SA 4.0

Cette scène représente une commerçante et ses clients en Ouganda, pays parmi les plus pauvres au monde, situé dans la région des Grands Lacs africains. Comme le montrent les publicités visibles sur l’image, cette commerçante propose à ses clients la possibilité de s’équiper afin de pouvoir payer leurs achats via leur téléphone portable. Ce service peut être également utilisé pour envoyer ou recevoir de l’argent transmis par des parents qui habitent à l’étranger.
Ce service, bien qu’encore peu répandu, se développe rapidement dans de nombreux pays d’Afrique. Il est d’autant plus utile que beaucoup d’Africains n’ont pas encore les moyens financiers suffisants pour s’équiper d’un ordinateur. Ainsi, cette photographie prouve que même les pays les plus pauvres ne sont pas totalement exclus du processus de mondialisation.

  • Toutefois, ils s’y intègrent beaucoup plus lentement que les pays développés.

Les États faillis sont en marge de la mondialisation

Définition

État failli :

Un État failli est un pays dans lequel le pouvoir politique et son administration ne parviennent pas à imposer leur autorité pour assurer la sécurité et le développement de sa population. Un État failli est très souvent un pays en guerre et/ou ravagé par la corruption.

Le nombre des États faillis (Syrie, Lybie, Somalie, Erythrée, etc.) dépend avant tout de l’évolution géopolitique des régions dans lesquelles ils se situent. Ce sont des États secoués par des conflits militaires, bien souvent des guerres civiles, dans lesquels l’État et son administration ne parviennent pas à maintenir la paix ni à garantir la sécurité de la population.

À retenir

De ce fait, ces territoires sont déconnectés des principaux flux économiques, commerciaux et financiers qui irriguent la mondialisation.

Exemple

Ainsi, la Syrie en guerre depuis 2011 peut être considérée comme un État failli. Face à la révolte de la population qui aspirait à plus de liberté, le président Bachar El Assad a utilisé l’armée pour réprimer avec violence les manifestants. Il s’en suit une guerre civile qui va considérablement affaiblir le pouvoir en place et favoriser le développement, à partir de 2014, de l’État islamique. Dès lors, la guerre va s’internationaliser avec, notamment, l’intervention militaire des États-Unis et de leurs alliés. En s’éternisant, le conflit a engendré de nombreuses victimes et a obligé des millions de Syriens à fuir la violence des combats en se réfugiant dans les pays voisins.

Bien que disposant de ressources naturelles variées et en quantité non négligeables qui auraient pu favoriser l’intégration de la Syrie dans la mondialisation, le pays et sa population se sont au contraire considérablement appauvris.

  • La Syrie est aujourd’hui déconnectée des principaux flux économiques, commerciaux et financiers qui structurent la mondialisation.

Des territoires en marge de la mondialisation dans les pays du Nord

Comme nous l’avons vu précédemment, les pays du Nord comptent parmi les mieux intégrés dans la mondialisation. Toutefois, à l’intérieur de ces territoires existent des espaces qui peuvent apparaître plus périphériques voire exclus de la mondialisation. Ainsi, certaines campagnes, lorsqu’elles sont trop éloignées des métropoles pour profiter de leur rayonnement, peuvent subir des phénomènes de déprise rurale.

Définition

Déprise rurale :

La déprise rurale se caractérise par l’abandon progressif d’exploitations agricoles et des villages situés à proximité. Ce phénomène s’explique essentiellement par le manque d’activités économiques et l’exode rural qui en découle.

Exemple

Le village de Montboudif dans le Cantal, en plein cœur du Massif central, est ainsi confronté déjà depuis plusieurs décennies à ce phénomène. Sa population, composée en 2017 de 190 habitants, a été divisée par quatre en un siècle. L’école primaire est fermée depuis désormais plusieurs années et de nombreuses exploitations n’ont pas été reprises lorsque les agriculteurs sont partis en retraite. Les jeunes générations ont préféré quitter le village qui se désertifie progressivement. Les transformations du monde moderne ont peu d’impact sur cette commune qui semble bien peu concernée par la mondialisation.

Plus étonnant, en périphérie des métropoles des pays les plus développés persistent encore parfois des espaces en marge de la mondialisation. On compte ainsi 93 bidonvilles en France qui regroupent au total plus de 5 000 personnes, habitant majoritairement en région parisienne. Ces espaces sont souvent composés de personnes exclues géographiquement et socialement des centres, dynamiques et bien intégrés dans la mondialisation.

À retenir

À l’échelle mondiale, nous avons constaté que certains pays sont très bien intégrés dans la mondialisation. Toutefois si on change d’échelle d’analyse, on constate qu’à l’intérieur de ces territoires certains espaces, plus locaux, sont en marge.

Les facteurs explicatifs de l’inégale intégration des territoires dans la mondialisation

Plusieurs facteurs explicatifs, se combinant les uns avec les autres, permettent de comprendre pourquoi certains territoires s’intègrent plus facilement dans la mondialisation.

Des villes mondiales puissantes 

Comme nous l’avons indiqué plus haut, les pays les mieux intégrés dans la mondialisation ont une population avec un niveau de vie élevé et un appareil productif performant. Ces pays disposent d’entreprises qui investissent massivement dans la recherche-développement afin d’être innovantes et de rester compétitives sur les marchés mondiaux.
Situés en Amérique du Nord, en Europe et au Japon, les villes mondiales (New-York, Los Angeles, Tokyo, Paris), rayonnent à l’échelle internationale et regroupent une grande partie des fonctions stratégiques qui influent sur la gouvernance mondiale. Ces métropoles gagnent en puissance et attirent une population de plus en plus nombreuse. On assiste donc à un phénomène de métropolisation.

Définition

Ville mondiale :

Métropole qui concentre des fonctions de commandement (commerciaux, financiers, politiques et culturelles) à l’échelle mondiale.

Définition

Métropolisation :

La métropolisation est un processus de concentration d’entreprises dynamiques et de population dans les plus grandes villes. Ce phénomène s’accompagne d’un étalement urbain important.

Exemple

Prenons l’exemple de Paris. Cette métropole dispose d’un quartier d’affaires dynamique situé à La Défense, qui regroupe les sièges sociaux de grandes firmes transnationales (Total, Areva, Saint Gobain etc.). Le siège de l’UNESCO se situe également à Paris où se dérouleront par ailleurs les Jeux olympiques d’été en 2024. Paris est donc une ville mondiale.

Schéma des territoires inégalement intégrés à la mondialisation
Le quartier de la Défense à Paris ©Bretwa – CC BY-SA 4.0

Les littoraux, des espaces stratégiques au cœur de la mondialisation

Disposer d’un littoral est un atout qui facilite l’intégration dans la mondialisation. Aujourd’hui une grande partie du commerce mondial s’effectue par voie maritime, ce qui favorise le développement de grands ports commerciaux et industriels, notamment en Asie (Shanghai, Singapour, Tokyo, etc.). Les métropoles situées sur le littoral connaissent un dynamisme souvent plus important que celles situés à l’intérieur des terres.

  • On parle donc d’une littoralisation de ces territoires.

Définition

Littoralisation :

La littoralisation est un processus qui se manifeste par la concentration d’entreprises dynamiques et de population sur les littoraux.

Schéma des territoires inégalement intégrés à la mondialisation
Singapour : le deuxième port à conteneurs au monde ©Chensiyuan – CC BY-SA 3.0

À l’inverse, ne pas disposer d’un accès à la mer, ce qui est le cas pour les États enclavés (Mongolie, Bolivie, Burkina-Faso, etc.), est une contrainte majeure car cela les empêche dans la majorité des cas de profiter des flux de marchandises maritimes qui connaissent aujourd’hui un important développement.

Attention

La Suisse a toutefois réussi à contourner cette contrainte de l’enclavement. En effet, le pays a depuis longtemps développé une activité financière dynamique qui lui a permis de s’intégrer dans la mondialisation. Par ailleurs, la Suisse a également cherché à valoriser ses espaces montagneux ainsi que son patrimoine culturel en proposant une offre touristique haut de gamme. De ce fait, en plus de l’activité financière, la Suisse a pu augmenter ses flux touristiques. Aujourd’hui, la Suisse est le 16e pays le plus fréquenté par les touristes, ce qui est loin d’être négligeable.

Le rôle des États et l’influence de la coopération internationale

Nous avons déjà insisté sur le fait que les États faillis sont en marge de la mondialisation. À l’opposé, l’État peut par son action favoriser l’intégration de son territoire en instaurant par exemple des zones franches (comme ce fut le cas en Chine à partir des années 1980) ou en proposant une fiscalité avantageuse pour attirer les investisseurs étrangers.

Définition

Zone franche :

Une zone franche est un territoire qui attire de nouveaux investisseurs en proposant des avantages fiscaux importants.

Le développement de la coopération internationale entre différents États d’une même région (UE, Aceum, etc.) permet également aux pays concernés de peser davantage sur la scène internationale et de mieux affronter la concurrence des pays émergents.

Conclusion :

Entamé au XVIe siècle, au moment des grandes découvertes, la mondialisation est un phénomène qui s’est considérablement accéléré depuis une cinquantaine d’années. Ce processus impacte l’organisation de la plupart des territoires de la planète. Certains pays ont su rapidement en profiter pour développer leur économie et améliorer le niveau de vie de leur population tandis que d’autres territoires semblent éprouver plus de difficulté à s’y intégrer.
Si la mondialisation inclut de plus en plus de territoires, elle exclut cependant les catégories sociales les plus fragiles et a tendance à accentuer les inégalités au sein des sociétés concernées. C’est d’ailleurs en partie contre ce phénomène qu’est né le mouvement des gilets jaunes en France à l’automne 2018.