Par leurs activités, les hommes exercent des pressions sur les ressources du globe, surpassant les forces géophysiques et devenant la principale force de changement sur Terre. A tel point que nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique : celle de l’Anthropocène. Show
Le concept des limites planétaires permet de mieux comprendre les changements à l’œuvre. Ces limites définissent les seuils que l’humanité ne doit pas dépasser pour entretenir les bonnes conditions dans lesquelles la vie s’est développée sur Terre. Ces 9 processus biophysiques régulent la stabilité et la résilience du système terrestre. Aujourd’hui, le franchissement des limites planétaires s’accélère. C’est pourquoi il est essentiel de bien appréhender ce nouveau concept. Qu’est-ce qu’une limite planétaire ? Quelles sont les limites planétaires identifiées aujourd’hui ? Combien de limites avons-nous déjà dépassé ? Qu’est-ce qu’une limite planétaire ?Le concept de limites planétaires, ou “Planetary Boundaries”, est défini en 2009 par les chercheurs du Stockholm Resilience Centre (Suède). Il s’agit avant tout d’un cadre proposé par les scientifiques pour déterminer les limites acceptables par le système Terre, au-delà de sa capacité à se régénérer. Franchir ces frontières écologiques revient à dépasser les limites de la durabilité environnementale sur Terre et par conséquent à rendre le système Terre bien instable et moins résilient. Fin 2021, seulement 4 limites planétaires n’avaient été franchies. En mai 2022, ce sont 6 limites planétaires qui sont atteintes sur les 9 identifiées. Une nouvelle qui devrait nous inciter à accélérer la transition vers des modes de production et de consommation plus soutenables.
Les limites planétaires correspondent à une zone d’incertitude, située à un certain seuil, au delà duquel on ne peut plus prévoir les conséquences de nos actes et l’évolution de la planète Terre. Il est donc essentiel d’agir pour réduire drastiquement les impacts négatifs de nos activités sur les écosystèmes et l’environnement, sous peine de voir le système s’emballer et la stabilité nécessaire au développement de nos sociétés disparaître. Quelles sont les 9 limites planétaires ?Le changement climatiqueLe changement climatique est sans doute la limite planétaire la plus connue du grand public. Médiatisé dès les années 70 par le rapport du Club du Rome, le changement climatique est déjà une réalité. Les différents rapports du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) font la synthèse de l’état des connaissances scientifiques sur le sujet. Le constat est sans appel, le réchauffement climatique à l’œuvre est causé par les activités humaines et atteint déjà +1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle. Par son ampleur, le changement climatique entraîne la multiplication des événements climatiques extrêmes (sécheresses, dômes de chaleurs, inondations, ouragans…) et affecte d’ores et déjà notre quotidien. Le seuil du changement climatique se mesure à partir de la concentration en CO2 de l’atmosphère, qui doit être inférieur à 350 parties par million (ppm). L’érosion de la biodiversitéEn parallèle de la crise climatique, la question de la biodiversité est de plus en plus médiatisée. Nous vivons aujourd’hui la sixième extinction de masse. Quelques chiffres pour mesurer l’ampleur du phénomène :
Or selon la CDC Biodiversité, « 40% de l’économie mondiale repose sur des services rendus par la nature dont une grande partie est menacée par l’érosion de la biodiversité ». Le seuil de l’érosion de la biodiversité se mesure à partir de 2 variables :
Le changement d’utilisation des solsA l’échelle de la planète, les changements d’utilisation des sols sont principalement dus à l’agriculture. En intensifiant et en étendant ses surfaces agricoles, le secteur primaire contribue fortement à la déforestation. Les changements d’utilisation des sols ont de lourdes conséquences sur l’environnement :
Nous percevons déjà ici l’interdépendance des différentes limites planétaires. Le changement d’utilisation des sols aggrave les deux limites précédemment abordées. Pour la question du changement d’utilisation des sols, la variable de contrôle est l’érosion de la couverture forestière. Le seuil est fixé à 75% de la couverture forestière conservée par rapport à 1700. L’introduction d’entités nouvelles dans la biosphèrePlastiques, pesticides, peintures, antibiotiques, médicaments, métaux lourds, composés radioactifs, perturbateurs endocriniens… Cette limite planétaire est également définie sous l’intitulé « pollutions chimiques ». La production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis le début des années 1950. Elle devrait même encore tripler d’ici 2050. Les plastiques, par exemple, sont constitués de différents polymères et peuvent contenir jusqu’à 10 000 substances chimiques. La perturbation du cycle du phosphore et de l’azoteConsidérés par les scientifiques comme des enjeux prioritaires, l’azote et le phosphore, sont des éléments essentiels à la vie. L’azote et le phosphore sont des nutriments indispensables à la croissance des végétaux. A cause de nos pratiques agricoles et de l’utilisation excessive de fertilisants chimiques, les cycles biochimiques dans les sols et l’eau sont perturbés. Pour l’azote, l’enjeu est d’empêcher un rejet excessif d’azote réactif dans l’eau et les milieux naturels aquatiques afin d’éviter leur eutrophisation. On mesure donc la fixation de diazote par l’industrie et l’agriculture. Le seuil à ne pas dépasser pour l’azote est fixé à 62 téragrammes par an (Tg N/an). Pour le phosphore, l’enjeu est d’éviter un épisode de forte réduction d’oxygène dans les océans. Au niveau mondial (asphyxie des océans), le seuil est estimé à 11 téragrammes par an (Tg P/an) de phosphore rejetées dans l’eau (il ne doit pas être plus de dix fois supérieur au rejet naturel). L’acidification des océansL’acidification des océans constitue un défi majeur, à la fois pour la biodiversité marine et pour la capacité des océans à continuer de fonctionner comme le premier puit de carbone de la planète. Ici encore, nous percevons l’interdépendance des limites planétaires. A cause de l’augmentation des émissions de CO2, le pH des océans diminue, leur acidification augmente. Si le pH est trop bas, certains phytoplanctons ne parviennent plus à se développer alors qu’ils sont à la base de la chaîne alimentaire sous-marine et contribuent à la production d’oxygène. Pour calculer le seuil de l’acidification des océans on mesure le degré de saturation de l’eau de mer de surface en aragonite, qui ne doit pas dépasser 80% de la valeur préindustrielle. L’augmentation des aérosols dans l’atmosphèreLes aérosols désignent des particules fines en suspension dans l’air. La grande majorité d’entre elles sont d’origine naturelle (éruptions volcaniques, tempêtes de sable, etc.) mais elles peuvent également résulter des activités humaines (aérosols primaires) ou de transformations physico-chimiques dans l’atmosphère (aérosols secondaires). De par leur taille, les aérosols peuvent pénétrer l’appareil respiratoire et avoir des effets négatifs pour la santé humaine. Pour appréhender cette limite planétaire, on mesure la concentration globale de particules dans l’atmosphère, sur une base régionale. Cependant, à cause de la complexité des aérosols, les scientifiques n’ont pas réussi à déterminer un seuil global. L’appauvrissement de l’ozone stratosphériqueL’ozone stratosphérique désigne la couche de l’atmosphère comprise entre 20 et 50 km d’altitude. En filtrant une grande partie des rayonnements ultraviolets (UV) solaires, cette couche protège les êtres vivants. En effet, une surexposition aux UV peut avoir des effets néfastes sur la santé humaine et également sur les végétaux. Pour garantir l’intégrité de la couche d’ozone, 197 pays ont signé en 1987 le Protocole de Montréal. Réel succès, cette action a permis de réduire les émissions mondiales de ces produits de plus de 80 % et la quasi-totalité des produits chimiques contrôlés par le Protocole ont été éliminés. La couche d’ozone s’est ainsi rétablie à un rythme de 1 à 3 % par décennie depuis l’an 2000. Le seuil de concentration en ozone (O3) doit être inférieur à 5 % par rapport à l’ère préindustrielle. Le cycle d’eau douce bleue et verteDisponible en faible quantité et inégalement répartie sur la planète, l’eau douce est une ressource naturelle indispensable aux activités humaines. Au cours du 20e siècle, les prélèvements d’eau dans le monde ont augmenté deux fois plus vite que la taille de la population. Or de par ses activités, l’homme perturbe le cycle de l’eau. Pour cette limite on distingue en réalité deux niveaux :
Le volume maximal d’eau douce prélevé dans les eaux de surface et les eaux souterraines renouvelables est fixé à 4000 km3 par an. Déjà 6 limites planétaires franchiesAujourd’hui, 6 des 9 limites planétaires ont déjà été franchies :
Le constat est sans appel, le franchissement des limites s’accélère. Seules 3 limites planétaires ne sont pas encore dépasséesSur les 9 limites planétaires, seules 2 n’ont pas encore été franchies :
Concernant la dernière limite, le seuil des aérosols dans l’atmosphère n’a pas encore été défini à l’échelle globale, à cause de la complexité des aérosols et la variabilité spatio-temporelle des particules, des sources et des impacts. Limites planétaires et théorie du donutEconomiste, Kate Raworth est l’autrice de « La Théorie du Donut, l’économie de demain en 7 principes », paru dans sa version française aux éditions Plon, en novembre 2018. Elle propose une nouvelle lecture des limites des limites planétaires avec un modèle qui allie enjeux environnementaux et justice sociale. En développant la Théorie du Donut, Kate Raworth explore le type d’économie dont le 21e siècle a besoin pour répondre aux grands défis qui sont les siens. Elle offre une boussole à l’économie pour permettre de répondre aux besoins des personnes dans la limite de ce que la planète peut offrir. Le concept de limites planétaires est essentiel pour souligner que la crise écologique ne se limite pas à la crise climatique. De plus, les limites étant liées, le dépassement de plusieurs limites risque de créer des boucles de rétroaction et un emballement du système. De nombreux chercheurs à travers le monde travaillent sur les limites planétaires. Le concept de limites planétaires permet de comprendre les externalités humaines négatives, les risques environnementaux et également les actions à mettre en place pour ralentir ou inverser le dépassement de ces limites. Quelles sont les 3 limites planétaires déjà dépassées ?Il reste trois limites qui n'ont pas encore été franchies : l'acidification des océans, la dégradation de la couche d'ozone et l'augmentation des aérosols dans l'atmosphère.
Quelles sont les 6 limites planétaires déjà dépassées ?Quelles sont les 9 limites planétaires ?. Le changement climatique.. L'érosion de la biodiversité. Le changement d'utilisation des sols.. L'introduction d'entités nouvelles dans la biosphère.. La perturbation du cycle du phosphore et de l'azote.. L'acidification des océans.. L'augmentation des aérosols dans l'atmosphère.. Quelles sont les limites planétaires sur lesquelles nous avons eu le plus d'impact ?Les scientifiques mentionnent neuf limites planétaires au-delà desquelles nous ne pouvons pas pousser les systèmes terrestres sans mettre nos sociétés en danger : le changement climatique, la perte de biodiversité, l'acidification des océans, l'appauvrissement de la couche d'ozone, la pollution atmosphérique par les ...
Quels sont les limites planétaires ?Le concept des limites planétaires définit un espace de développement sûr et juste pour l'humanité, fondé actuellement sur neuf [1] processus biophysiques qui, ensemble, régulent la stabilité de la planète : le changement climatique, l'érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de l'azote et ...
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