Où habiter en prévision du changement climatique ?

Une étude conjointe de Météo-France et de l'Insee fait une projection des zones qui seront les plus exposées aux chaleurs au cours des 30 prochaines années. Les plus touchées sont les territoires montagnards, comme les Hautes-Alpes ou les Alpes-de-Haute-Provence.

En 2050, un habitant sur sept sera exposé à un grand nombre de journées anormalement chaudes, annoncent Météo-France et l'Insee, dans cette étude sur les conséquences du changement climatique.

Les régions autour des massifs montagneux seront les plus touchées par les fortes chaleurs, avec plus de 20 journées anormalement chauds lors des mois de juin, juillet et août. La carte publiée par l'Insee permet de comparer la période 1976-2005 et 2021-2050. Le contraste est frappant.

Certaines zones des Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes font partie des zones les plus exposées aux journées anormalement chaudes de 2021 à 2050, indiquées sur la carte en violet foncé.

Cet été, tous les départements en Paca ont été frappés par la sécheresse. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Gorges du Verdon ont été particulièrement touchées par la sécheresse. Début août, le niveau d'eau du lac de Sainte-Croix avait baissé de 6 mètres. Du jamais vu. 

"Sur les littoraux, les anomalies de chaleur seront moins fréquentes", est-il souligné. "Les anomalies de chaleur affecteront un peu moins le littoral que l’intérieur des terres".

Le littoral méditerranéen subira cependant des "nuits tropicales" bien plus fréquemment que les autres littoraux. Il s'agit des  jours où la température ne descend pas en dessous de 20°C pendant la nuit.

51 millions de personnes, soit 80% de la population, subiront entre 16 et 29 journées anormalement chaudes en juin, juillet et août au cours des 30 prochaines années.

Neuf millions de personnes en France seront exposées à plus de 20 jours anormalement chaudes chaque mois l'été. "Entre 1976 et 2005, aucun habitant n'était exposé à de telles anomalies", indique Météo-France.

Près de 6 millions de Français connaîtront plus de 11 nuits anormalement chaudes par mois. 

Selon les données de l'étude, 16% des plus de 75 ans résident actuellement dans ces territoires qui connaîtront ces chaleurs anormales. Ils seront les plus exposés aux épisodes caniculaires, en plus d'être les plus sensibles.

Dans ces territoires les plus touchés, 1,2 million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, rapporte par ailleurs l'Insee. Ils sont susceptibles d'habiter dans des logements mal isolés ou de travailler dans l'agriculture et le bâtiment. Des métiers que l'on sait particulièrement éprouvants en période de grandes chaleurs.

"Cette étude donne un éclairage humain sur nos projections climatiques. La prise en compte des inégalités géographiques et sociales est essentielle pour anticiper ces changements et tenter d’amortir les conséquences", rapporte Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France.

Vous voulez comprendre les dernières publications du GIEC ? Savoir si la hausse des températures, des précipitations, des événements extrêmes vous impactera ? Suivez le guide interactif des Echos Planète, pays par pays !

Par Françoise Blind Kempinski & Tom Février

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) évalue depuis trente ans l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses conséquences et produit des rapports pour alerter les décideurs et l’opinion publique. 195 pays en sont membres. Il publie désormais son sixième cycle d’évaluation, modélisant l’évolution du climat, estimant les impacts sur la biodiversité, les systèmes de santé et économiques, et proposant des solutions. La coalition internationale de scientifiques anticipe un choc plus fort que ses précédentes prédictions faites huit ans auparavant.

Nous savons déjà que les engagements pris par les Etats dans le cadre de la COP26 et de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) ne suffiront pas pour respecter les accords de Paris qui prévoient de maintenir la hausse des températures entre 1,5 et 2 degrés par rapport au niveau préindustriel. Pour y parvenir, il faudrait, d’ici à 2030, baisser nos émissions de gaz à effet de serre de 30 % pour limiter la hausse à 2 °C et de 55 % pour le contenir à 1,5 °C. Or ces engagements prévoient seulement une réduction de 7,5 %.

Depuis l’ère préindustrielle (1850-1900), la Terre s’est globalement déjà réchauffée de 1,1 degré. Ce qui peut sembler peu. Mais nous constatons déjà les effets de ce dérèglement avec une hausse globale des températures et la survenance plus régulière et plus intense d’événements climatiques extrêmes.

Il n’est pas aisé de visualiser concrètement les effets des prédictions scientifiques du GIEC, basées sur des scénarios prenant en compte la volonté et la capacité de réaction des Etats, des entreprises, de la société civile.

Les Echos Planète ont donc choisi de vous présenter, en exclusivité, 5 cartes interactives permettant, pour la première fois, de visualiser pays par pays les principaux effets du dérèglement climatique. Grâce à ce travail inédit, réalisé en utilisant l’énorme base de données accumulées par le GIEC, il est possible de prendre la mesure des changements à venir.   

Le dérèglement climatique affectera chaque région du globe par de multiples facettes. Pour la moitié des régions du monde, ce sont 10 caractéristiques au minimum qui changeront. Outre l’augmentation des températures, la baisse de l’humidité des sols, la survenance de sécheresses et d’épisodes pluvieux extrêmes, il faudra compter aussi avec les érosions côtières, la montée du niveau des mers… La France, évidemment, n’est pas épargnée.

Les scénarios d’augmentation de la température annuelle moyenne et d’évolution des précipitations en mm/an

« Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ne sera pas le même que celui dans lequel nous vivrons d’ici cinq ans, dix ans ou vingt ans », prévient Debra Roberts, coprésidente du Groupe de travail II pour la sixième évaluation. Selon les dernières évaluations et faute d’actions combinées immédiates, un réchauffement de +1,5 degré devrait être atteint d’ici 20 ans. « Un retard dans l’action signifie la mort », a déclaré António Guterres, le secrétaire général des Nations unies.

D’ores et déjà, entre 3,3 et 3,6 milliards d’humains vivent dans des zones à haute vulnérabilité climatique. Les populations les plus en danger sont en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et Centrale, et dans les îles du Pacifique. Dès aujourd’hui, des zones proches de l’Equateur sont devenues inhabitables. Quant aux mégapoles qui devraient accueillir les 2/3 de la population humaine d’ici à 2050, nombre d’entre elles seront également invivables faute de mesures d’adaptation prises dès aujourd’hui.

Ainsi, au-delà d’un réchauffement à 1,5 degré, les peuples vivant dans les îles et les zones glaciaires auront un accès raréfié à de l’eau potable et plus aucun retour en arrière ne sera possible une fois la limite de +2 degrés franchie. Au-delà de +2 degrés encore, la culture des nourritures de base sera beaucoup moins productive, voire impossible dans plusieurs zones du globe générant de la malnutrition et des famines. Des centaines d’espèces animales seront anéanties. La fonte de la calotte glaciaire accélèrera également la montée du niveau des mers. Des écosystèmes entiers, vitaux pour la vie humaine sur Terre, seront irrémédiablement affectés.

« Il y a des lois de la Nature que nous ne devons pas briser », insiste le scientifique Hans-Otto Pörtner, coprésident du Groupe de travail II du GIEC.

Des vagues de chaleur plus sévères et plus longues

Avec le changement climatique, les normales de saisons augmentent au fil du temps et les étés deviennent de plus en plus anormalement chauds. Les saisons estivales se soldent désormais par des canicules sévères et longues. En France, Météo France place les territoires en vigilance canicule quand les températures maximales oscillent entre 30 °C et 35 °C. L’été 2018 a été le second plus chaud, derrière celui de 2003, dans l’Hexagone.

L’été 2021 et le dôme de chaleur subi par la région ouest de l’Amérique du Nord a duré plusieurs semaines avec un record de température jamais atteint à 49,6 degrés au Canada. De tels pics de sécheresse sont un terreau propice au déclenchement d’incendies comme en ont connu également à l’été 2021, et de façon spectaculaire, les Etats-Unis, la Grèce, la Turquie, l’Algérie…

Ainsi, même dans un scénario intermédiaire, certains pays, notamment situés en Afrique, connaîtront des vagues de chaleur supérieure à 35 degrés entre un tiers et la moitié de l’année, avec des conséquences dramatiques en termes de conditions de vie et de développement économique.

De plus en plus de jours sans pluie et d’événements pluvieux brutaux

Le changement climatique ne doit pas être uniquement considéré sous l’angle des hausses de températures, il affecte également fortement le cycle de l’eau et entraîne des dérèglements différents selon les zones géographiques considérées : régions humides ou arides.

Dans les régions arides, il y aura une intensification des sécheresses comme celle qui a frappé Madagascar ou le Kenya en 2021, générant des crises alimentaires catastrophiques. Ces phénomènes se reproduiront également plus fréquemment : les sécheresses qui se déclenchaient une fois tous les dix ans à la fin du XIXe siècle, surviendront deux fois plus souvent dans un monde plus chaud de 1,5 °C.

Ces épisodes violents augmentent tout aussi bien dans les pays du Nord du globe (Groenland, Canada, Russie…) que dans les pays du Sud où sévit la mousson. Mais l’Europe ne sera pas épargnée non plus : on se souvient des inondations meurtrières en Allemagne et en Belgique à l’été 2021 avec plus de 200 morts et des milliards d’euros de dégâts à la clé.

Nos cartes prennent en compte les paramètres suivants :

  • Trois scénarios de réchauffement du GIEC : le scénario optimiste SSP1-2.6 (+1,8 °C à l’horizon 2100), le scénario moyen SSP2-4.5 (+2,7 °C) et le scénario catastrophe SSP5-8.5 (+4,4 °C).
  • Deux périodes de référence :
    • La première est la période préindustrielle 1850-1900 qui sert de base de calcul à tous les scénarios du GIEC.
    • La seconde est la période la plus proche de nous, soit 1995-2014, afin que l’on puisse se rendre compte des écarts par rapport à ce que nous vivons déjà aujourd’hui. Mais rappelons qu’en 2022, la température à l’échelle du globe a déjà augmenté de 1,1 degré.
  • Deux échéances de temps distinctes, prenant en compte un espace-temps de vingt ans qui est toujours l’intervalle sur lequel le GIEC réalise ses calculs :
    • Une à moyen terme : 2041-2060
    • Une à long terme : 2081-2100

5 scénarios envisageables pour le futur

Dans son nouveau rapport, le GIEC alarme sur l’urgence d’une action forte pour limiter le changement climatique et ses conséquences dramatiques sur nos écosystèmes. Le travail mené par ces experts se base sur 5 scénarios, qui chacun caractérise une trajectoire socio-économique de référence (les SSP pour « Shared Socioeconomic Pathways ») avec ses évolutions sociales, économiques, politiques et technologiques propres.

Les scénarios de température sont évalués par rapport à la période 1850-1900 à l’horizon 2100.

L’aspect cumulatif des émissions de CO2

Pour appréhender l’importance d’agir au plus vite, il faut évaluer l’aspect cumulatif des émissions de gaz à effet de serre, mieux pris en compte dans le nouveau rapport du GIEC.

Visible dans le graphique ci-dessous, ce phénomène s’explique principalement par la baisse d’efficacité des puits de carbone océaniques et terrestres dans le ralentissement de l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère.

Contrairement à ce que voudrait la logique, les puits de carbone naturels terrestres et océaniques qui devraient absorber, en termes absolus, une quantité de CO2 de plus en plus grande dans les scénarios d’émissions plus élevées, deviennent de moins en moins efficaces. Concrètement, cela signifie que la proportion des émissions absorbées par les terres et les océans diminue. Les experts du GIEC affirment donc, avec un niveau de confiance élevé, que ce phénomène devrait conduire à une proportion plus importante de CO2 émis restant dans l’atmosphère.

La bonne nouvelle est que cet effet cumulatif n’existe pas pour le méthane, autre puissant gaz à effet de serre.

La première des conditions pour limiter le réchauffement est donc que le cumul des émissions de CO2 cesse d’augmenter. Pour y parvenir, il faut que les émissions purement dues à l’activité humaine soient nulles. D’où l’emploi du terme « net zéro CO2 » : c’est une condition indispensable pour stabiliser le réchauffement et prise en compte dans la composition des différents scénarios du GIEC.

Où habiter en prévision du changement climatique ?

Où habiter pour eviter le réchauffement climatique ?

Du côté du littoral méditerranéen, la Camargue et les villes de Sète, Marseille, Toulon et Nice, subiraient le même sort.

Où habiter en France en 2030 ?

Avec des villes comme Lyon ou Grenoble, la région Rhône-Alpes devrait en être la principale bénéficiaire : la croissance de sa population sera de 16,8 %. Elle sera, en 2030, la région la plus peuplée après l'Ile-de-France avec 6,9 millions d'habitants.

Ou habitez en 2050 ?

Ce sera le cas du sud de l'Asie, du golfe Persique (Iran, Oman, Koweït), et des pays bordant la mer Rouge (Égypte, Arabie saoudite, Soudan, Éthiopie, Somalie, Yémen) dès 2050. L'est de la Chine, une partie de l'Asie du Sud et du Brésil devraient également dépasser régulièrement un indice wet bulb de 35 °C d'ici 2070.

Où s'installer avec le réchauffement climatique ?

Les endroits les mieux adaptés au monde pour survivre à un éventuel effondrement de la société selon le rapport de Sustainability sont :.
la Nouvelle-Zélande,.
l'Islande,.
la Tasmanie,.
l'Irlande..