Pourquoi les vols sont aussi chers ?

Partir en vacances, quoi qu'il en coûte. Alors que l'inflation ne cesse de grimper et que la hausse des coûts du pétrole semblait devoir plomber la rentabilité des compagnies aériennes, l'été devrait s'avérer remarquable pour le transport aérien après deux ans de crise. D'habitude très sensibles aux tarifs, les voyageurs semblent aujourd'hui déterminés à partir à n'importe quel prix, ou presque. Pour preuve, les programmes de réservations des compagnies aériennes ne cessent de se remplir en dépit de prix de plus en plus élevés. Analyse.
Pourquoi les vols sont aussi chers ?
Les passagers sont prêts à payer cher pour partir cet été. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Il y a quelques semaines encore, le transport aérien naviguait sous des auspices encore peu favorables : ralentissement des réservations sous la menace d'Omicron, situation internationale bouleversée par la guerre en Ukraine, envolée des cours du pétrole, inflation généralisée, ralentissement de la croissance... De quoi susciter des craintes pour la reprise, illustrées d'ailleurs par une frilosité certaine des investisseurs sur les marchés. Pourtant, tous ces vents contraires semblent aujourd'hui balayés par l'irrésistible envie des gens de voyager et les réservations se remplissent à nouveau avec plusieurs mois d'avance pour la période été.

Air France-KLM n'a pas encore communiqué de chiffres précis dans l'attente de la publication d'ici deux semaines de ses résultats du premier trimestre, mais les tendances sont très bonnes. Elles sont ainsi clairement au-dessus des espérances formulées en début d'année. Le groupe s'était positionné très tôt, dès la fin 2021, pour gagner en visibilité. Mais la vague Omicron a engendré quelques retards sur les réservations au mois de janvier, puis la sidération créée par l'invasion de l'Ukraine a gelé à son tour les ventes. Au final, celle-ci a été évacuée en à peine une semaine et la courbe des réservations s'est fortement infléchie au mois de mars. Le rebond a d'ailleurs été constaté dès les vacances de Pâques.

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Une tendance forte en Europe comme aux Etats-Unis

Cette tendance se retrouve aussi au niveau européen, dans les grands groupes comme chez les opérateurs low cost. Partis plus tard qu'Air France-KLM, ou que Ryanair qui a également joué la carte de l'anticipation, l'accélération a été encore plus forte pour eux. Sur le segment du bas coût, les compagnies voient ainsi leur niveau de réservations pour l'été osciller entre 40 et 60 % avec des capacités dépassant légèrement le niveau de 2019. Ce n'est pas encore le taux d'avant crise, où les trois quarts des billets pouvaient déjà être vendus à cette époque de l'année, mais l'accélération est franche.

Outre-Atlantique, le phénomène s'avère encore plus significatif : au cours du premier trimestre chez Delta Air Lines, les ventes de billets pour des vols à venir ont généré 2,5 milliards de dollars de plus qu'au premier trimestre 2019. Chez United Airlines, le chiffre est de 2,6 milliards de dollars. C'est colossal, s'enthousiasme un analyste. S'il précise que cette dynamique américaine est largement portée par le marché domestique, il estime que les compagnies européennes devraient connaître des tendances relativement similaires.

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Voyager, quoi qu'il en coûte

Derrière ces chiffres des compagnies américaines se cachent une double tendance. Comme dit précédemment, les gens ont envie de voyager. Cette envie avait déjà été largement constatée l'été dernier, mais aussi à chaque fois que les contraintes sanitaires se sont assouplies avec des pics de réservations quasi-immédiat que ce soit dans l'aérien ou le ferroviaire.

La nouveauté pour cette année 2022, c'est que cette envie de voyager perdure en dépit de l'importante remontée des prix pratiquée par les compagnies pour compenser la hausse de leur facture carburant (selon la DGAC, l'indice des prix sur le réseau international au départ de France a augmenté de 6 % en mars par rapport à mars 2021). C'est loin d'être anodin pour les compagnies : elles sont désormais en mesure de pouvoir transférer une partie de la hausse de leur facture carburant au client final et donc préserver leur rentabilité.

A ce jeu-là, Air France pourrait s'avérer "moins gagnant" que d'autres compagnies européennes. Elle est aujourd'hui au même niveau de réservations que ses concurrentes, mais avec des billets vendus plus tôt, elle n'a pas pu bénéficier autant de la remontée des prix que d'autres qui ont réaccéléré seulement fin mars. Sa rentabilité pourrait donc s'avérer moindre que certains de ces concurrents. C'est également le cas chez Ryanair, si ce n'est que son niveau de couverture va la prémunir totalement d'une explosion de sa facture carburant.

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Une rupture avec l'ancien monde

Après deux ans de crise sanitaire, les conditions d'achats ont donc changé. La sensibilité au prix s'avère beaucoup moins forte que l'envie de voyager. Une véritable rupture. Traditionnellement, le marché du voyage est très sensible aux variations de prix. Chaque euro ajouté à la facture peut ainsi faire partir un client potentiel. La forte concurrence, notamment sur l'intra-européen au vu de la multitude d'offres low cost, oblige les compagnies à un pilotage fin pour trouver le bon équilibre entre le volume de passagers et les tarifs pratiqués et optimiser leur rendement (le fameux "yield management").

Et cela pourrait encore s'amplifier. Nicolas Hénin, directeur commercial de Transavia, estime que le niveau de demande est immense alors que les tarifs sont revenus sur les niveaux de 2019. Si la tendance se poursuit, il juge que les prix vont pouvoir continuer à augmenter. Il entend bien en profiter et saisir les opportunités d'accroître son rendement, et même fortement sur les périodes les plus prisées.

Ce mouvement est d'autant plus significatif qu'il se déroule dans un contexte d'inflation généralisée (4,5 % en mars 2022 en France selon l'Insee). Prudent à nouveau, Nicolas Hénin admet qu'il peut y avoir un retournement si la hausse des prix se poursuit, mais il n'en voit pas les signaux pour le moment. Cela marque là aussi une véritable rupture avec les comportements d'avant crise où, traditionnellement, les dépenses de voyage étaient les premières à être coupées par les ménages.

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Feu de paille ou long terme

Il est encore trop tôt pour savoir s'il ne s'agit que d'un mouvement conjoncturel lié à un engouement estival ou si des répercussions sont possibles à plus long terme, voire structurelles. Pour l'instant, il apparaît surtout être la conjugaison d'un besoin de voyager après la difficulté voire l'impossibilité de se déplacer pendant deux ans, d'une envie d'échapper à un quotidien particulièrement lourd depuis plusieurs mois et d'une propension à dépenser davantage après avoir accumulé massivement de l'épargne depuis le début de la crise sanitaire (les Français ont épargné un surplus de 175 milliards d'euros au cours entre début 2020 et fin 2021).

Il est en tout cas certain que les compagnies verraient d'un bon œil cette propension à voyager en dépit du prix jouer les prolongations au-delà de l'été.

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