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Décharge sauvage d'écrans usagés, aux États-Unis. L'impact environnemental du numérique regroupe l'ensemble des effets des technologies de l'information et de la communication sur l'environnement. L'expression « pollution numérique » désigne les impacts environnementaux négatifs de ces technologies qui ressortent de leur bilan environnemental. La consommation d'électricité non négligeable des systèmes, l'usage de matières premières et d'énergie grise pour la fabrication des appareils, leur transformation en déchets après leur remplacement sont généralement évalués. Problématique[modifier | modifier le code]Les promoteurs des technologies de l'information et de la communication soutiennent que les flux d'information, qu'ils disent « dématérialisés », réduisent l'impact des activités humaines sur l'environnement, en diminuant les ponctions sur les ressources naturelles par une meilleure organisation de la production et de la consommation[1]. Leurs critiques estiment que cette réduction est illusoire et que cette perception se fonde sur la discrétion des consommations numériques, opposée à la visibilité des moyens de transmission matériels, comme dans le cas d'un courriel remplaçant un courrier[2]. Pourtant, la plus grande disponibilité de la ressource entraîne par un effet rebond l'augmentation de la consommation, réduisant ou annulant le gain[3]. Exemple : remplacement du papier par la communication électronique : La lecture d'un document sur ordinateur pèse moins sur l'environnement que la transmission sur papier — à condition de ne consulter qu'une fois et de passer moins de trente minutes à l'écran. L'impact environnemental du papier est plus grand que celui d'une liseuse pour ceux qui lisent plus de vingt livres par an[4]. Le remplacement du papier par des documents électroniques peut amener à diminuer la consommation de papier[5]. Encore faut-il montrer que la facilité d'imprimer rapidement un document papier n'en stimule pas la consommation. La technologie permet l'économie, mais les utilisateurs semblent utiliser plutôt les corrections manuelles sur papier que les systèmes de gestion de versions sur document électronique. La consommation de papier a plus que doublé au cours des vingt dernières années[6]. Exemple : informatisation de la logistique : L'informatique a permis la baisse de la consommation des moyens de transport, par l'amélioration matérielle des véhicules et l'organisation de la logistique[7]. Le calcul numérique contribue à la réduction de la consommation des aéronefs de l'aviation civile. L'effet de cette baisse, cependant, est entièrement effacé et dépassé par l'augmentation des flux, la baisse des coûts ayant permis une augmentation de la quantité de marchandises transportées. La circulation électronique des données implique au moins une consommation d'électricité, diffuse chez les utilisateurs, concentrée dans les centres de données. La consommation diffuse, plus difficile à évaluer, consomme avec discrétion plus d'énergie qu'il n'y paraît à cause des pertes en ligne et du mauvais rendement énergétique de la recharge des appareils portables, tandis que les opérateurs peuvent construire les centres de données à proximité de moyens de production d'électricité. Selon l'organisation environnementale Greenpeace, le secteur informatique consomme 7 % du total de la production électrique mondiale, soit environ 1,4 % de la consommation énergétique mondiale. L'impact de cette consommation dépend de la façon dont est produite l'électricité ; les émissions de CO2 dépendent du mix électrique, c'est-à-dire de la proportion de centrales thermiques à flamme (charbon, fuel ou gaz) et de l'heure de consommation, puisque ces centrales prennent le relais des productions « décarbonées » lors des pics de consommation ou en complément de l'intermittence des énergies renouvelables. Certaines des plus importantes organisations industrielles de l'informatique et d'Internet se sont engagées pour un Internet alimenté par des énergies renouvelables[8]. La facilité d'envoyer des messages en masse entraîne la prolifération d'usages parasites de l'informatique comme le pourriel, qui représente plus de la moitié des courriels envoyés dans les années 2010[9] et pèse sur le coût énergétique final des messages utiles. Au crédit des technologies de l'information et de la communication, l'augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs et la multiplication des capteurs de toutes natures ont permis la construction des modèles qui alertent sur l'état de la planète et le réchauffement climatique. Impact positif du numérique[modifier | modifier le code]Le numérique peut rendre possible la gestion des énergies renouvelables, souvent intermittentes et réparties en petites unités indépendantes sur un vaste territoire. L'organisation d'un réseau électrique intelligent vise ainsi à diminuer les pertes et à organiser la production dans une vaste zone géographique, malgré les conflits d'intérêts entre producteurs et distributeurs d'une part, et d'autre part entre ces industries en général et l'objectif de réduction de consommation énergétique. Les promoteurs de ces réseaux envisagent l'effacement des pics de consommation, qui déclenchent la mise en route des centrales à énergies fossiles, en commandant la mise en route différée des chauffages et des appareils ménagers. Dans l'industrie et dans les transports, l'optimisation des processus, des trajets, des flux par l'usage des technologies de l'information pourrait réduire la consommation de matières ; cependant, on constate souvent que l'effet de cette réduction est la diminution du prix, aboutissant finalement à une augmentation de la consommation par effet rebond, ce qui pousse à conclure que les relations sociales, plus qu'une technologie en particulier, sont en cause[10]. L'impact du numérique sur l'environnement sera positif en ce qui concerne l'énergie si l'économie d'électricité qu'il permet dépasse sa propre consommation. Cette condition ne semble pas remplie actuellement[11]. Pollution numérique[modifier | modifier le code]La « pollution numérique » désigne les conséquences négatives de l'utilisation des technologies de l'information et de la communication[12], tandis que l'étude de son impact environnemental tente d'établir un bilan de ses effets environnementaux négatifs comme positifs. Concept[modifier | modifier le code]La « pollution numérique » agglomère les conséquences dommageables de la fabrication du matériel par la consommation de matières premières et d'énergie grise, de son utilisation par la consommation électrique des équipements et de la prolifération de déchets d'équipements électriques et électroniques qui en résulte[13],[14]. Fabrication[modifier | modifier le code]Un ordinateur de bureau contient 36 éléments chimiques, dont plusieurs rares ou précieux. La fabrication des appareils numériques (serveurs, ordinateurs personnels, tablettes, smartphones, infrastructures réseau diverses, écrans) consomme une quantité de matières relativement petite, en comparaison avec les autres produits industriels, mais, de la quarantaine de matériaux différents contenus dans un smartphone, plusieurs métaux et terres rares ne sont disponibles qu'en quantités faibles ou raréfiées dans la nature[15]. Un ordinateur de bureau contient près de 25 % de silice, à peu près 23 % de matières plastiques, un peu plus de 20 % de fer, 14 % d'aluminium, 7 % de cuivre, 6 % de plomb et 2 % de nickel. Le zinc, l'étain, les matériaux plus rares (manganèse, cobalt, argent, barium, arsenic, bismuth, titane, berylium, galium, germanium, cadmium, chrome, selenium, mercure, palladium, rhutenium, etc., tous à moins de 1 %) composent les 2 % restant. La fabrication d’ordinateurs portables emploie une forte proportion d’éléments de la famille des terres rares (lanthanides) dont l’accès est jugé particulièrement critique par les instances internationales[16]. En moyenne, il faut mobiliser de 50 à 350 fois leur poids en matières pour produire des appareils électriques à forte composante électronique — 600 kg pour un ordinateur portable, 500 pour une box[17]. Composition des déchets électroniques et électriques[18].
Consommation d'énergie[modifier | modifier le code]Les appareils numériques consomment une énergie nécessairement électrique, dont la production et le transport engendrent des pollutions[19]. Une recherche sur internet, l'envoi d'un courriel requièrent, en plus des appareils de départ et d'arrivée, un passage par plusieurs centres de données. Le refroidissement de ces ensembles de serveurs informatiques et d'ordinateurs de traitement de données numériques absorbe une énergie, non nécessairement électrique mais qui l'est souvent en pratique, qui équivaut à environ la moitié de celle qu'exige leur matériel informatique, « près de 40 % de leur facture électrique globale » en région parisienne[20]. La production de l'énergie qui alimente les réseaux numériques est responsable en 2016 d'environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre[21], plus que celles de l'aviation civile. Elle devrait avoir doublé vers 2020, avec l'essor des nouvelles technologies[19]. Selon The Shift Project, la consommation énergétique du numérique dans le monde augmente d'environ 9 % par an sur la période 2015 à 2020, ce qui correspond à un doublement en huit ans ; elle est responsable fin 2018 de 3,7 % des gaz à effet de serre émis[22]. La croissance des émissions d'ondes électromagnétiques dans toutes les bandes de fréquence, oblige à des normes de compatibilité électromagnétique pour assurer le fonctionnement des appareils électroniques[23] qui rendent le matériel plus lourd et plus complexe. Leurs effets sur la santé, possibles quoique non prouvés, inquiètent. Impacts[modifier | modifier le code]Les impacts de la consommation électrique pour le numérique sont très différents, selon le moment de la consommation, la source d'énergie servant à la production d'électricité et les méthodes utilisées pour refroidir les serveurs, entre autres. Les estimations peuvent donc différer. Certaines données du groupe français Grenoble Alpes Recherche suggèrent qu'une simple recherche sur Internet provoque l'émission d'environ sept grammes de CO2 ; l'envoi et la réception d'un courriel, quelques grammes à quelques dizaines de grammes, selon le nombre de destinataires et la taille des pièces jointes[24],[25],[26]. L'utilisation des TIC représente entre 6 et 10 % de la consommation d'électricité sur Terre[26]. La part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre a augmenté de moitié de 2013 à 2018[27]. Selon le groupe de réflexion The Shift Project, le numérique émet en 2019 4 % des gaz à effet de serre du monde ; sa consommation énergétique s’accroît de 9 % par an, qui se répartit en 55 % pour l’usage du numérique et 45 % pour la production des équipements. L'usage des information « dématérialisée » implique des dépenses invisibles. Une donnée numérique (mail, téléchargement, vidéo, requête web…) parcourt en moyenne 15 000 km, en 2018[28]. Selon Frédéric Bordage, expert en GreenIT et sobriété numérique, le réseau mobile de 4e génération (4G) a un impact sur la planète environ 20 fois supérieur à celui d'un réseau filaire de type ADSL ou fibre équipé de Wi-Fi. La 4G augmente considérablement le débit disponible pour l'utilisateur final, ce qui autorise le développement d'usages multimédia dont l'impact environnemental est très important, notamment le streaming. De la même façon, le cloud computing (informatique en nuage), indissociable de la 4G, a un impact négatif sur la planète[29]. La vidéo en ligne génère en 2019 60 % des flux de données mondiaux. Elle se répartit en quatre types de contenus : la vidéo à la demande (VoD) (34 %), la pornographie (27 %), les « tubes » (YouTube, Dailymotion, etc.) (21 %) et les autres vidéos (18 %)[30]. L'évaluation des émissions de dioxyde de carbone liées à ces flux est controversée[31], notamment en raison des modalités de prise en compte des émissions liées aux infrastructures fixes. Chris Preist, de l'Université de Bristol l'estime à 50 millions de tonnes équivalent CO2 par an (MtCO2éq/an) en 2019[31],[32], Maxime Efoui-Hess (The Shift Project), à 300 MtCO2éq/an[31],[30], soit 1 % des émissions mondiales de CO2. George Kamiya (International Energy Agency) trouve cette valeur surestimée d’un facteur 30 à 60[31],[33]. Déchets[modifier | modifier le code]
Une fois parvenus en fin de vie, les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) sont d'autant plus difficiles à recycler qu'ils sont complexes[34] et conçus sans tenir compte des principes d'écoconception[35]. Plus nombreux chaque année[36],[37],[38], ils aboutissent dans des décharges, parfois informelles, où ils contaminent leur environnement et, dans les pays en développement, les populations qui en vivent[39],[40],[41]. Les déchets des appareils numériques obsolètes ou hors d'état de marche ont une empreinte environnementale très élevée à cause de leur nature complexe, mélangeant diverses matières plastiques avec des céramiques, des métaux et des terres rares. Les matériaux des appareils démantelés peuvent être toxiques, soit directement à l'état de déchet, soit comme poussières, soit après incinération. Réduction de l'empreinte environnementale du numérique[modifier | modifier le code]La « surconsommation numérique », selon l'association The Shift Project, n'est ainsi ni soutenable, ni indispensable à la croissance économique, dont elle est décorrélée, ni compatible avec les engagements internationaux pris par la France et l’Union européenne, en particulier l'accord de Paris sur le climat de 2015[42]. Recommandations générales[modifier | modifier le code]L'association GreenIT.fr préconise en octobre 2019 quatre principales mesures de réduction de l'empreinte environnementale du numérique[43] :
Il est également possible de réduire sa consommation énergétique liée à Internet en suivant les recommandations suivantes :
Consommation d'énergie[modifier | modifier le code]La circulation et le traitement de l'information consomment de 1 à 2 % d'une énergie électrique qui est encore principalement produite à partir de combustible fossile[44]. L'augmentation de l'efficacité des centres de données et des appareils individuels devrait dans un premier temps atténuer l’augmentation de la consommation induite par un accroissement du trafic, selon Dale Sartor (du laboratoire national Lawrence-Berkeley), mais la demande en électricité devrait ensuite de nouveau augmenter rapidement[44]. Diverses solutions sont envisageables pour réduire la consommation énergétique du numérique ou en tirer parti, qui évoluent de la même manière que les façons de les utiliser :
En France[modifier | modifier le code]Le 20 juin 2020, la Convention citoyenne pour le climat adopte à 98 % des mesures pour « Accompagner l’évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux »[47]. Le 23 juin 2020, le collectif GreenIT.fr publie un rapport sur les impacts environnementaux du numérique en France qui montre qu'un Français a deux à six fois plus d'impacts que la moyenne mondiale, notamment à cause d'un taux d'équipement deux fois supérieur[48]. Le 24 juin 2020, le Sénat français publie un rapport sur l’empreinte environnementale du numérique en France, lequel sans action corrective pourrait représenter 7 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2040 contre 2 % en 2020. La fabrication des terminaux, le plus souvent en Asie, pèse à elle seule 70 % de l'empreinte carbone. Les sénateurs proposent notamment une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne, des sanctions plus fortes contre l'obsolescence programmée, une TVA à 5,5 % sur la réparation des smartphones ou l'achat d'un téléphone reconditionné et l'interdiction des forfaits mobiles illimités[49]. Alors que le Conseil national du numérique (Cnum) et le Sénat ont proposé d'interdire les forfaits mobiles avec accès aux données illimité, un article du journal Les Échos rappelle que, contrairement aux idées reçues, les réseaux des opérateurs ne génèrent que 5 % des émissions liées au numérique, loin derrière les centres de données (14 %) et la fabrication des smartphones (80 %), qui est réalisée dans des pays encore très « carbonés » comme la Chine. Par ailleurs, les forfaits mobiles sont aujourd'hui quasiment tous plafonnés[50]. La loi « visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France », issue des travaux du Sénat est promulguée le 15 novembre 2021[51]. Annexes[modifier | modifier le code]Bibliographie[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Liens externes[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Références[modifier | modifier le code]
Quels sont les impacts de l'informatique dans la société actuelle ?On peut confirmer qu'à force de travailler avec l'informatique et ses dérivés, on arrive à conclure qu'elle permet d'augmenter la productivité de beaucoup d'entreprises. Mais on constate aussi que l'informatique nous rend renfermés envers nous-mêmes, on oublie les liens familiaux, bien qu'obsédés devant l'ordinateur.
Quel est l'impact de l'informatique sur la vie de l'homme ?Elle a construit le passé, construit le présent et construira certainement le futur. Sans informatique pas de nouvelles technologies et pas de nouvelles technologies pas d'avenir meilleur. L'informatique est un domaine incontournable dans la vie car sans elle pas de vie.
Quel est l'impact de l'informatique sur l'environnement ?La fabrication des équipements informatiques compte parmi les principales sources d'impacts environnementaux (29% de la consommation énergétique, 54% des émissions de gaz à effet de serre, 61% de l'utilisation en eau et 97% de l'épuisement des ressources).
Quels sont les avantages et desavantages de l'informatique ?- Par son instantanéité, l'informatique favorise les paniques boursière et les fluctuations excessives. - L'informatique participe à la diminution du besoin en main d'œuvre et donc au chômage. - Quand l'informatique est en panne ou en maintenance, ou piratée, c'est l'usine voire la société entière qui est arrêtée.
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