Où en est la France dans sa transition démographique ?

Où en est la France dans sa transition démographique ?

" Si les tendances démographiques récentes se prolongeaient, la population de la France augmenterait jusqu’en 2044 pour atteindre 69,3 millions d’habitants. Elle diminuerait ensuite, pour s’établir à 68,1 millions d’habitants en 2070, soit 700 000 de plus qu’en 2021", écrit l'Insee. "D’ici à 2070, la pyramide des âges serait largement modifiée. Le nombre de personnes de 60 à 74 ans resterait stable, celui des 75 ans ou plus devrait croître de 5,7 millions, tandis que celui des moins de 60 ans diminuerait de 5,0 millions."

Insee Première

Par fjarraud , le vendredi 03 décembre 2021.

Nous sommes actuellement 7,8 milliards d’humains sur la planète, or nous étions moins d’un milliard il y a 200 ans ! Cette croissance est vertigineuse. Imaginez, quand vous êtes nés, nous étions presque moitié moins sur la planète.

C’est ce qu’on appelle la transition démographique. Avant nous avions beaucoup d’enfants, mais ceux-ci mourraient fréquemment. Au XVIIe siècle seulement la moitié des enfants atteignaient 15 ans ! Avec l’arrivée d’une meilleure alimentation et hygiène, de la vaccination, cette mortalité chute rapidement. La survie est bien meilleure. C’est la première phase : une diminution de la mortalité. Deuxième phase : une diminution de la fertilité, on fait moins d’enfants. Donc on passe d’une démographie avec beaucoup d’enfants mais qui meurent beaucoup à peu d’enfants qui meurent peu.

Mais cette diminution du nombre d’enfants n’est pas immédiate, donc pendant quelques décennies, il y a encore beaucoup d’enfants et qui meurent peu. C’est durant cette période que la croissance démographique est extrêmement forte. Par exemple, l’Angleterre est passée de 7 millions d’habitants en 1750 à 40 millions en 1900 soit 6 fois plus en seulement 150 ans. Sans compter les quelques millions qui sont partis coloniser l’Amérique du Nord, l’Afrique du Sud ou l’Australie. Pendant ce temps la France passe « seulement » de 25 millions à 30 millions.

La transition démographique a commencé en Europe, à la moitié du XVIIIe siècle, et maintenant tous les pays du monde ont entamé ou ont fini cette transition. 

A l’échelle mondiale, on est passé en moyenne de plus de 5 enfants par femmes en 1800 à 2,4 actuellement. Cette transition se produit à des rythmes très variables. Ainsi, là où il a fallu à l’Europe plus de 150 ans, l’Iran l’a faite en seulement 20 ans ! Les pays d’Amérique du Sud et d’Afrique du Nord ont aussi fait une transition accélérée en seulement 30-50 ans.

Les pays d’Afrique sub-saharienne sont les derniers à être entrés dans cette transition démographique et la font à des rythmes variables.

Actuellement à l’échelle mondiale, la fécondité varie entre 4,4 en Afrique, 2,1 en Asie et seulement 1,6 en Europe.

Dans certains pays, comme la Chine, c’est une volonté forte de l’état qui a imposé la politique de l’enfant unique. Cette politique accélère la transition qui était déjà entamée. Dans les autres pays, après une baisse de mortalité grâce à un meilleur état de santé, on voit que la diminution du nombre d’enfants est liée à des meilleures conditions socio-économiques et surtout au niveau d’éducation des femmes. Cette diminution du nombre d’enfants est plus ou moins rapide selon les pays.

On constate qu’un grand nombre de pays qui ont fini leur transition sont même allés vers moins de 2,1 enfants par femme. C’est le nombre minimum pour que la population reste stable. Par exemple à Singapour on compte 1.1 enfant par femme, la Chine 1.6, la Corée du Sud 1.27. Et en Europe, tous les pays sont en-dessous de 2 enfants par femme. L’Italie et l’Allemagne seulement 1,4, contre l’Irlande et la France autour de 1,9.

D’ailleurs certains pays s’alertent de la décroissance attendue de leur population, en l’absence d’immigration. Ils mettent en place des politiques qui inciteraient les femmes à avoir plus d’enfants. Singapour donne une prime aux femmes qui font un enfant et le gouvernement vient même ajouter une prime spécial covid pour rassurer les couples sur leur avenir financier et ne pas retarder la fondation de leur famille ….  Mais rien ne semble y faire…

Ainsi les projections démographiques s’accordent toutes sur une croissance de la population humaine encore pendant 30 ans, jusqu’à 9 voire 10 ou 11 milliards d’humains. 

Ensuite plusieurs démographes prédisent une décroissance de la population humaine. Tous les pays auraient alors terminé leur transition et nous devrions être moins nombreux sur la planète !

Un accroissement démographique plus faible en France que dans la plupart des pays européens

Au XIXe siècle, l’Europe est entrée dans une phase de transition démographique, liée aux mutations socio-économiques induites par les révolutions industrielles, notamment dans le secteur médical et alimentaire1. La transition démographique, théorie dont la première définition a été esquissée par Adolphe Landry en 19342, désigne le passage d’un régime démographique caractérisé par une forte mortalité et une forte natalité, à un nouveau régime où la mortalité et la natalité sont faibles. Au cours de cette transition, le décalage entre les périodes où s’opèrent la baisse de la mortalité et la baisse de la natalité entraîne un accroissement démographique. En Europe, le gain de population qui résulte de ce décalage a été plus ou moins important selon les pays, car la transition démographique s’y est réalisée à des périodes différentes, sur une durée plus ou moins longue et selon diverses modalités3. Entre 1820 et 1968, ce sont notamment les pays du nord de l’Europe qui ont connu la plus forte croissance : les Pays-Bas ont ainsi vu leur nombre d’habitants se multiplier par plus de cinq, le Danemark, la Finlande et la Norvège par plus ou moins quatre. Pour les autres pays d’Europe, leur population a doublé ou triplé sur cette période. La France fait figure d’exception, puisque sa population n’a été multipliée que par 1,6. Enfin, l’Irlande est le seul pays dont la population a diminué, de plus de moitié, au cours de cette période.

La particularité de la transition démographique de la France se traduit par un recul de son poids dans la population européenne

En 1820, la France était le pays le plus peuplé d’Europe4 avec 31,2 millions d’habitants (soit 19,4 % de la population européenne), suivie de l’Allemagne (24,9 millions), du Royaume-Uni (21,2 millions), de l’Italie (20,1 millions) et de l’Espagne (12,2 millions). Plus de cent ans plus tard, en 1968, la France se situait à la quatrième place des pays les plus peuplés d’Europe, avec 51 millions d’habitants (soit 12,4 % de la population européenne), derrière l’Italie (52,9 millions), le Royaume-Uni (55,2 millions) et l’Allemagne (76,5 millions).

ZOOM

LES RÉPERCUSSIONS DÉMOGRAPHIQUES DE LA GRANDE FAMINE EN IRLANDE

Entre la seconde moitié du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle, l’Irlande connaît une forte croissance démographique : sa population est passée de 2,5 millions au milieu du XVIIIe siècle, à cinq millions au début du XIXe siècle et à plus de huit millions en 18418. Mais l’apparition du mildiou en Irlande, vers 1845, va mettre un coup d’arrêt à la croissance démographique irlandaise, déjà ralentie par la baisse de la natalité et la hausse de l’émigration qui s’installent à l’issue des guerres napoléoniennes9. En détruisant les récoltes de pommes de terre, légume sur lequel repose principalement l’alimentation des Irlandais au début du XIXe siècle, notamment pour les plus défavorisés, le mildiou conduit à ce que les historiens ont appelé « la Grande Famine ». Ses conséquences sont désastreuses pour l’Irlande : entre 1845 et le début des années 1850, environ un million de personnes décèdent et plus de 1,5 million partent, principalement vers l’Amérique du Nord, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande10. La forte émigration, la baisse de la natalité et de la nuptialité11, conséquences plus ou moins directes de la famine, perdureront, faisant de l’Irlande le seul pays d’Europe occidentale à connaître une décroissance démographique de cette ampleur au cours du XIXe siècle.

Où en est la France dans sa transition démographique ?

1. Vallin Jacques. I. Le peuplement de la France. In : La population française. Paris : La Découverte, 2001, pp. 6-33. (Repères).
2. Landry Adolphe. La révolution démographique: études et essais sur les problèmes de la population. Ined éditions, 2020, 280 p. (Classiques de l’Économie et de la Population).
3. Dupâquier Jacques. Introduction. In : Dupâquier Jacques, Garden Maurice. Histoire de la population française (3). De 1789 à 1914. Paris : Presses Universitaires de France, 1988, pp. 1-13.
4. Dans le présent article, les analyses réalisées concernent les 15 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grande-Bretagne, Irlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suisse et Suède) pour lesquels des données démographiques sont disponibles de façon continue entre 1820 et 1968 et les 20 pays européens (les 15 pays précédemment cités, auxquels s’ajoutent l’Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne et la Roumanie) pour lesquels des données sont disponibles aux trois dates suivantes : 1820, 1900 et 1968.

6. Vallin Jacques. I. Le peuplement de la France. In : La population française. Paris : La Découverte, 2001, pp. 6-33. (Repères).
7. De Luca Barrusse Virginie. Premier chapitre – L’évolution de la population française. In : Démographie sociale de la France (XIXe-XXIe siècle). Paris : Presses Universitaires de France, 2010, pp. 15-59.

8. Bensimon Fabrice, Colantonio Laurent. I. L’Irlande à la veille de la Grande Famine. In : La Grande Famine en Irlande. Paris : Presses Universitaires de France, 2014, pp. 19-32.
9. Ibid.

10. Vaughan Géraldine. La famine en Irlande. In : L’Histoire [en ligne]. Janvier 2016, n° 419. Disponible sur : « https://www.lhistoire.fr/la-famine-en-irlande » (consulté le 3 novembre 2021).

11. La nuptialité exprime la fréquence des mariages conclus sur une période donnée. Elle se mesure habituellement à l’aide d’un taux de nuptialité, qui exprime le rapport entre le nombre de mariages célébrés et l’effectif moyen de la population.

Quels sont les problèmes démographique de la France ?

Avec 67,2 millions d'habitants au 1er janvier, la population continue de progresser en France mais à un rythme moins soutenu, selon les chiffres de l'Insee dévoilés ce mardi 16 janvier. La raison ? Une nouvelle baisse de la fécondité et une augmentation des décès, avec le vieillissement des générations du baby-boom.

Quelle partie du monde sont encore dans la transition démographique ?

La croissance démographique est continue et soutenue sur Terre. Elle est plus forte actuellement en Afrique et en Asie et baisse avec le niveau de développement. Selon le modèle de la transition démographique, tous les pays du monde suivent la même évolution vers une baisse de la mortalité et une baisse de la natalité.

Quels pays ont fini leur transition démographique ?

Seconde phase de transition et baisse de la fécondité (transition avancée).

Quelle est la population de la France 2022 ?

Note : au 1ᵉʳ janvier ; données 2020 à 2022 provisoires arrêtées à fin 2021 ; données 2019 à 2021 révisées. Lecture : au 1ᵉʳ janvier 2022, la France compte 67 813 396 habitants.